Un saint né près de Wy dit joli village…
En 585, naquit entre Wy et Guiry, au château des Rochettes, Romain fils de Benoist de Sicambre et de Félicité de Chalon. Il fut baptisé Romain car sa mère qui était stérile avait été exaucée dans ses prières et c’est ainsi qu’il avait été nommé par l’ange qui lui était apparu.
De par le rang de sa famille, il aurait dû voir sa carrière s’effectuer auprès de la cour du roi Clotaire, mais une vocation irrésistible l’attirait vers les ordres. Dès sa plus tendre enfance, Romain se faisait remarquer par sa piété et très vite il étudia les saintes écritures.
A la mort de ses parents vers 610, il fut élevé à la dignité de Chancelier de France, il exerça cette charge avec une telle probité que sa bonne renommée s’étendit partout.
Elu en 626 archevêque de Rouen à la suite du décès de Hidulphe, il s’employa de déraciner les superstitions païennes qui survivaient dans les campagnes.
Ayant par ailleurs une ouverture d’esprit et une intelligence supérieure à la moyenne, il accomplit « des miracles ».
Ainsi, il existait aux portes de Rouen un marais pestilentiel (mala palus) qui attirait toutes les maladies et qui infestait toute la population résidant aux alentours. Saint-Romain fit exécuter par des condamnés à mort, une tranchée qui conduisit les eaux stagnantes à la Seine ce qui assécha le marais et au moyen de remblais, il supprima ce foyer d’infection.
Ce bienfait frappa l’imagination du peuple qui, quelques années après la mort de Saint-Romain, a construit la légende que voici :
« Un dragon existait aux portes de Rouen, il dévorait les habitants, ses victimes étaient nombreuses et même les plus braves n’osaient l’affronter. Saint-Romain prend avec lui un condamné à mort et s’avance contre le monstre, puis il donne son étole au prisonnier et lui ordonne de la passer au col de la bête qui se laissa docilement capturer, réduit à l’impuissance par le signe de la croix, le dragon fut noyé ». Le condamné fut gracié.
Dagobert au récit de ce miracle, accorda à Saint Romain le droit de délivrer chaque année un prisonnier.
Et ainsi, tous les ans les chanoines de Rouen désignaient un condamné à mort, le parlement ratifiait ce choix et le prisonnier, après avoir porté la châsse de Saint-Romain dans une procession solennelle et reçu l’absolution, était mis en liberté.
Plusieurs rois, ainsi que Richelieu voulurent abolir ce privilège, mais ils échouèrent devant une population normande très attachée au souvenir de Saint-Romain.
Ce n’est que la Révolution qui mit fin à cet usage.
Près du lieu où il avait son château, l’Aubette prend sa source. Selon la légende, cette source serait due à Saint-Romain qui en aurait doté miraculeusement notre village.
Son eau a des vertus curatives pour les yeux, c’est ainsi que chaque année (auparavant le 23 octobre jour de la mort de Saint-Romain), aujourd’hui le 3ème dimanche de septembre, les fidèles, clergé en tête, suivi des membres de la Confrérie, se rendent en procession à la source et immergent à trois reprises une statuette de Saint-Romain, en chantant un cantique à sa gloire.
Une statue fut érigée sur le site de la fontaine en 1858.